En temps normal, les investisseurs comptent souvent sur la diversification pour réduire le risque dans leur portefeuille. Traditionnellement, cela implique un mélange d’actions et d’obligations, car ces deux types d’actifs tendent à évoluer de manière opposée : quand l’un monte, l’autre descend. Mais que se passe-t-il lorsque cette corrélation attendue s’effondre, notamment en période de crise systémique ? Explorons les raisons derrière ce phénomène complexe.
L’importance de la diversification dans les stratégies équilibrées
La diversification est une stratégie fondamentale dans la gestion de portefeuille. L’idée est simple : ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. En répartissant les investissements sur différents types d’actifs, il est possible de réduire le risque sans sacrifier trop de rendement potentiel.
Les actions offrent généralement des rendements plus élevés mais avec un risque accru. Les obligations, quant à elles, proposent des revenus fixes avec moins de volatilité. Cette complémentarité permet aux investisseurs de créer un équilibre, espérant que leurs portefeuilles résistent mieux aux fluctuations du marché.
Expectation normale : corrélation négative entre les actions et les obligations
En règle générale, la corrélation entre les actions et les obligations est négative ou faible. Cela signifie que si les conditions économiques deviennent défavorables pour les actions, les obligations peuvent offrir un refuge sûr, permettant ainsi de stabiliser globalement le portefeuille.
Cependant, cette relation attendue peut changer radicalement. Lorsqu’une crise systémique survient, les structures fondamentales qui soutiennent ces actifs sont bouleversées, menant parfois à une chute simultanée des actifs. Cette situation appelle à une analyse approfondie des raisons derrière cet effondrement de corrélation.
L’interaction des facteurs macro-économiques
Les crises systémiques apportent des perturbations significatives sur l’ensemble des marchés financiers. Une grande partie de cette dynamique découle du contexte macro-économique global et des politiques monétaires adoptées par les banques centrales. Voici comment :
- Contexte macro-économique : Les crises systémiques entraînent souvent une récession, causant une perte généralisée de confiance parmi les investisseurs. Tous cherchent alors à liquider leurs positions risquées et sécuriser leurs avoirs en liquidités.
- Politiques monétaires : Les réponses des banques centrales, telles que diminuer les taux d’intérêt ou introduire des mesures de relance, peuvent exacerber certaines des tensions existantes. Ces mesures, bien qu’ayant pour but de stabiliser l’économie, créent souvent des incertitudes qui perturbent davantage la transparence du système financier.
Transparence et prévisibilité des krachs
La complexité croissante des marchés financiers modernes pose des défis importants pour la transparence et la prévisibilité des krachs. La fusion des grands secteurs financiers globalisés signifie qu’une défaillance dans un segment peut provoquer une réaction en chaîne. Par exemple, une crise bancaire pourrait affecter le crédit disponible, impactant les entreprises cotées et, par conséquent, les marchés boursiers.
De plus, malgré les efforts des régulateurs, la transparence du système financier demeure perfectible. Une compréhension incomplète des risques sous-jacents permet la propagation rapide d’un choc initial à travers les marchés, et donc une montée brusque de la corrélation entre différents types d’actifs.
Psychologie de marché et comportements des investisseurs
La psychologie des investisseurs joue un rôle clé dans l’effondrement de la corrélation entre les obligations et les actions durant une crise systémique. Lorsque la peur prend le dessus, des comportements irrationnels dominent souvent, exacerbant les problèmes déjà présents.
Face à une situation de panique, les investisseurs ont tendance à vendre leurs actifs en masse, cherchant une sécurité immédiate dans les liquidités. Ce comportement entraîne une vente synchrone tant des actions que des obligations, annihilant ainsi les bénéfices attendus de la diversification traditionnelle.
Chute simultanée des actifs : un cercle vicieux
Cette vente indiscriminée conduit des prix à des niveaux très bas pour tous les actifs. Les vendeurs paniquent encore plus en voyant leurs valeurs fondre, accentuant ainsi la chute. C’est un véritable cercle vicieux où la liquidation forcée devient problématique pour toutes classes d’actifs, y compris celles auparavant considérées comme refuges sûrs.
Un autre facteur est la contrainte réglementaire pour certains investisseurs institutionnels qui sont obligés de maintenir des ratios spécifiques d’allocation d’actifs. En période de trouble, le rebalancement forcené de ces ratios peut provoquer des ventes massives incontrôlées, alimentant davantage la corrélation positive.
Rôle des marchés dérivés et de la liquidité
Une composante souvent négligée mais cruciale est celle des marchés dérivés et de la liquidité globale du marché. En période de crise systémique, la liquidité se tarit rapidement, rendant les transactions beaucoup plus difficiles et amplifiant les mouvements de prix.
Les instruments dérivés tels que les options et les futures jouent également un rôle dans cette dynamique. Les positions spéculatives importantes doivent être fermées rapidement dès que les marges ne peuvent plus être tenues, créant ainsi des pressions supplémentaires sur les ventes d’actifs principaux.
Asymétrie de l’information et effets de levier
L’asymétrie de l’information empêche certains acteurs du marché de voir la totalité des risques encourus par leurs contreparties. Ce manque de visibilité contribue au développement de réactions extrêmes et non coordonnées face à la baisse apparente de la valeur des actifs, renforçant ainsi les mouvements de large échelle sur tout le marché.
De surcroît, l’utilisation excessive de l’effet de levier accentue la réduction dramatique de la liquidité. Lorsque ces positions à effet de levier ne peuvent plus être maintenues en raison des appels de marge, il en résulte des ventes massives qui déstabilisent encore plus la corrélation actions-obligations.
Adaptation des stratégies d’investissement en temps de crise
Pour survivre à une crise systémique, les investisseurs doivent revisiter leurs stratégies équilibrées. La prudence veut que des ajustements soient faits non seulement en termes de choix d’actifs, mais aussi dans la gestion du risque et la réaction face aux chocs exogènes.
Voici quelques conseils pratiques :
- Réévaluation de la diversification : Inclure une variété plus large d’actifs, y compris ceux non traditionnels tels que l’or, les devises étrangères ou des biens immobiliers, afin de diluer les risques.
- Surveillance continue : Maintenir une veille active sur le contexte macro-économique et les politiques monétaires pour anticiper les possibles impacts sur les portefeuilles.
- Flexibilité et réactivité : Être prêt à ajuster rapidement les positions en réponse aux changements rapides des marchés plutôt que s’ancrer à une stratégie rigide.
Renforcement de la résilience du portefeuille
Construire un portefeuille résilient nécessite une approche proactive. La diversification reste nécessaire mais doit être accompagnée par une gestion attentive du risque et une flexibilité stratégique.
Éviter les expositions disproportionnelles à des actifs fortement corrélés même en dehors des périodes de crise. Enfin, renforcer la communication et la transparence avec les gestionnaires de fonds peut grandement améliorer la capacité à naviguer sereinement pendant les périodes tumultueuses.
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