Thomas Roux à Limoges : Comment va la santé mentale : petit point en 2022

Même si les français sont de plus en plus nombreux à tomber le masque et à vivre à peu près comme avant, on pourra dire qu’il y a eu un avant et un après Covid-19.

Cela fait maintenant deux ans que le monde vit avec la maladie et le risque endémique. Les informations alarmistes, la désinformation, y compris de la part du Gouvernement ont eu un effet dévastateur chez certaines personnes ; que ce soient des enfants ou des adultes.

Sachant qu’avant 2019, le secteur de la santé mentale était déjà jugé comme moribond par ses propres professionnels, cela laisse augurer le pire. Qu’en est-il ? Pour le savoir, nous avons suivi le parcours de Thomas Roux à Limoges.

Thomas Roux : Les français vont-ils bien en 2022?


thomas roux limoges

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La question peut paraitre simpliste. Si l’on reprend la définition de la santé donnée par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), cette dernière prend en considération de nombreux critères pour dire si un individu se porte bien. La santé n’est donc pas simplement un état de forme physique.

On peut dire que dans le domaine du psychisme, les français ont été mis à rude épreuve. Les périodes des confinements ont été terribles pour bon nombre d’entre eux. Il n’est pas étonnant que de nombreux domaines de la vie aient évolué à cause (ou grâce) à la maladie.

Personne ne veut plus se sentir à l’étroit chez lui, surtout quand il est condamné à y rester pendant des semaines sans espoir de sortie. Les demandes pour les maisons et surtout les espaces extérieurs explosent.

Du jour au lendemain, les entreprises peuvent baisser le rideau et une personne peut perdre sa place. Si cela était déjà vrai avant, il y a en général des signes avant-coureurs. Avec l’épidémie du Covid-19, cela a été brutal.

Pour les personnes qui tournaient en rond chez elles, cela a été le déclic parfois, avec ou sans possibilité de télétravail. 30% de personnes interrogées ont avoué penser que leur travail était vain. Un adjectif très fort et surtout un sentiment très fort que Thomas Roux sur Limoges espère ne jamais ressentir, ce qui serait pour lui un échec professionnel et personnel.

La reconversion professionnelle a été très importante suite aux confinements. Le monde du travail a également considérablement changé en un temps record : recours à la digitalisation, difficultés de recrutement, schéma d’embauche à revoir pour les recruteurs qui doivent « séduire » les candidats pour qu’ils acceptent le poste : du jamais vu.

On peut bien entendu considérer les aspects positifs de cette crise, car une reconversion, c’est un renouveau, de même qu’un déménagement ou le fait d’accéder à la propriété. Tant mieux si les candidats à l’emploi se sentent moins des pions interchangeables mais semblent avoir plus de pouvoir sur leur futur travail salarié.

Pour autant, est-ce que cela donne une véritable indication sur le bien-être des français ?

Tomas Roux : Pour vous la santé mentale, c’est quoi aujourd’hui ?


Là encore, la question est troublante. Pourquoi la santé mentale serait différente de ce qu’elle a été, après tout ?

Pourtant, au fil des années, avoir été le terreau d’études, d’une certaine forme de fascination de la part des professionnels et des personnes au pouvoir, elle est devenue un sujet d’inquiétude. Comme si la maladie mentale pouvait, à coup sûr, se transmettre. Certaines pathologies, on le sait, peuvent comporter une certaine part d’hérédité, mais cela reste peu fréquent.

Par contre, elle touche tout le monde sans distinction. Classes ouvrières comme classes aisées, personne n’est épargnée et cela tend à devenir de plus en plus vrai. D’après l’OMS, une personne sur 5 dans un avenir proche pourrait être touchée.

Après avoir suivi un cursus sans faute en droit public et réussi l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, Thomas Roux a pu devenir directeur d’Hôpital, ce à quoi il aspirait. La gestion des finances et du personnel ne lui faisait pas peur.

A Limoges, Thomas Roux prend la tête du Centre Hospitalier d’Esquirol qui s’occupe de santé mentale. Il comprend alors que ce domaine a toutes les chances d’être mal compris puisqu’on ne communique pas sur la psychiatrie.

Limoges possède des médias : il va s’en servir pour parler du métier, de la vie de directeur, des besoins des patients, de ce qui manque au personnel. Car tout est lié. Sur Limoges, Thomas Roux en interview étonne car de par sa jeunesse, on ne le l’imagine pas forcément Directeur d’établissement de santé. Si l’on a des préjugés sur son poste, pourquoi pas aussi sur la santé mentale après tout ?

Les français l’avouent eux-mêmes. Dans leur grande majorité, ils avouent ne pas y connaitre grand-chose, même s’ils aimeraient, là encore plus globalement, qu’il y ait une prise en charge plus précoce des troubles mentaux.

Mais comment les signaler si on ne sait pas comment les reconnaitre ? Le problème bien sûr n’est pas propre à Limoges, Thomas Roux en est conscient. Mais, tel le colibri du conte, il fait sa part.

Si depuis cette expérience il est à présent directeur de la polyclinique, Thomas Roux à Limoges, espère que son message a été entendu.

Si c’est le cas, cela voudra dire plus d’adolescents qui trouveront là une voie professionnelle pour aider les malades, donc moins de délais d’attente pour rencontrer une personne qui ne va pas bien. Une prise en charge précoce, cela veut dire aussi une thérapie qui commence plus tôt et un traitement, au besoin, en fonction de la pathologie.

La dépression est un trouble psychique. Il faut le plus souvent coupler la parole à la médication pour que la personne aille mieux. Pourtant on n’imaginerait pas dire d’une personne dépressive qu’elle est folle. Pour autant, les professionnels se plaignent encore du peu de communication qui est fait des premiers symptômes de la dépression pour pouvoir intervenir avant que la vie sociale, familiale, et professionnelle ne soit impactée.

Il reste à transposer cela sur la schizophrénie, le trouble bipolaire et autres maladies mentales qui font souvent peur… Le combat n’est pas terminé.

Même s’il a changé d’établissement à Limoges, Thomas Roux garde encore le souvenir de ces quelques années à Esquirol. La santé mentale doit être traitée comme un sujet de fond. Il est déplorable que cela ne soit pas (ou plus) le cas.